NOTE DE L’EDITEUR
Le Sénégal s’ouvre un peu plus à sa diversité linguistique. Depuis le 24 mars 2024 et l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, l’inclusion sociale est devenue un leitmotiv du discours officiel. Parmi les nombreux défis qui attendent le nouveau président, il y a celui de donner à chaque Sénégalais une place dans le projet national, quelle que soit sa langue d’apprentissage.
Depuis l’indépendance, le pays fonctionne sur un modèle hérité de la colonisation, où le français reste la langue dominante de l’administration, de l’enseignement et des médias. Ceux qui n’ont pas suivi ce parcours académique, en particulier les diplômés des daaras et des écoles arabophones, se retrouvent souvent marginalisés. Pourtant, selon un rapport de l’ANSD, 28,4 % des Sénégalais savent lire et écrire en arabe ou en langues nationales. Un chiffre qui montre bien que l’exclusion de ces locuteurs du débat public n’est pas seulement un détail, mais un vrai enjeu.
Conscient de cette réalité, le journal Le Soleil, premier quotidien du pays et média public de référence, a décidé de franchir un pas supplémentaire dans l’inclusion linguistique. Après des éditions bilingues publiées lors du Magal et du Gamou 2024 – bien accueillies par les leaders religieux – le journal lance aujourd’hui un hebdomadaire entièrement en arabe. Une publication de huit pages qui couvrira l’actualité nationale et internationale, de l’économie au sport en passant par la culture et la politique.
Le premier numéro revient sur la journée nationale des daaras, initiée par le chef de l’État, avec un reportage au cœur d’une école coranique à Touba. Dans un contexte de Ramadan et de Carême, des spécialistes y donnent aussi des conseils sur l’alimentation et la pratique du sport. Côté politique, l’hebdo analyse les répercussions du rapport de la Cour des comptes sur les finances publiques. Il revient également sur les liens historiques entre le Sénégal et le Maroc.
En donnant une place aux arabophones, Le Soleil ne fait pas qu’élargir son lectorat : il envoie un signal fort sur la reconnaissance de toutes les composantes de la société sénégalaise. Au-delà de la diversité linguistique, ce nouvel hebdomadaire pourrait bien jouer un rôle clé dans la diplomatie culturelle et le dialogue entre communautés. Nous espérons que cette lumière nouvelle éclairera durablement le paysage médiatique national.
Le Soleil