Il est des jours où la parole, lorsqu’elle est justement placée, devient levier, boussole et trait d’union. Ce 29 mai 2025, Paris n’a pas seulement été capitale politique ou artistique, elle s’est faite carrefour des consciences, accueillant au sein de l’Institut du Monde Arabe la Conférence Internationale sur le dialogue interreligieux et la pratique de l’islam en Occident, une journée dense, grave et lumineuse, que l’on a pu suivre en direct sur Zawiya TV et Zawiya.sn.
Portée par la Dahira SOP NABY France et la Cellule Zawiya Tijaniya, cette rencontre s’est affirmée, dès ses premières heures, comme un espace d’élévation, une réponse feutrée mais ferme aux dérives extrêmes de notre temps.
Un début solennel, une parole ancrée dans la réalité
La matinée s’est ouverte dans une atmosphère empreinte de dignité. Les mots d’accueil de Ben Cheikh Faye et de Serigne Abdou Hamid Sy, suivis des salutations officielles des représentants français et sénégalais, ont posé les jalons d’un rendez-vous à la fois ancré dans l’actualité brûlante et aspirant à une vision plus large.
Sous la houlette du modérateur, les esprits se sont mis en mouvement. Très vite, les interventions de Dr Bakary Sambe, Joseph Maïla, Mohamed Chérif Ferjani et l’abbé Louis Pasteur Faye ont résonné avec justesse : diagnostic lucide des fractures, mais aussi appel à un humanisme en actes. Loin des péroraisons théoriques, les propos ont épousé la complexité du réel.
Une journée rythmée par la densité des échanges
Le reste de la journée a déroulé un programme savamment orchestré, véritable partition de pensées croisées. Le Pr Mbaye Thiam et Jean-Pierre Bat ont offert une réflexion profonde sur les outils contemporains du dialogue interreligieux entre médiation, éducation à la paix et mobilisation de l’art comme langage universel.
L’après-midi, ponctuée par une exposition thématique et des moments d’échanges nourris, a vu se succéder Adama Aly Pam et Mohamed Chérif Ferjani, dans une discussion fine sur les postures et figures du dialogue. Puis vint l’instant peut-être le plus intime, le plus habité : celui où Grégory Vandamme et Bakary Sambe ont exploré, avec ferveur et clarté, les chemins du soufisme comme voie d’apaisement dans nos sociétés fracturées.
Vers une feuille de route, entre mémoire et action
En clôture, les organisateurs ont présenté une feuille de route ambitieuse, fruit des travaux collectifs, nourrie d’engagements concrets pour prolonger les échanges au-delà du seul cadre académique. La salle, attentive jusqu’au bout, a vu se lever une onde d’approbation, non par acclamation mais par l’assentiment silencieux de celles et ceux qui savent que le vrai dialogue ne s’arrête jamais aux mots.
La journée s’est conclue sur un cocktail dînatoire, moment plus léger mais non moins précieux, où se sont mêlées langues et rires, regards complices et promesses d’alliance.
Une lumière persistante dans la rumeur du monde
Il ne s’agissait pas d’un sommet de plus, mais d’un rendez-vous où souffle encore l’idée que la religion, lorsqu’elle est habitée par l’éthique et ouverte à la pluralité, devient source de guérison plutôt que de division. La Conférence de Paris a tenu promesse : offrir une parole exigeante, un lieu de conscience, une invitation à cheminer ensemble.
Que l’on ait été présent physiquement, ou connecté depuis Zawiya TV ou Zawiya.sn, cette journée aura été, à bien des égards, un chant discret mais tenace contre les sirènes du rejet, une note juste dans la symphonie fragile de notre vivre-ensemble.
Cellule Zawiya Tijannya