tares de la société dans laquelle il vivait. Il n’a jamais renoncé à l’idée d’édifier l’homme croyant. Il ne s’agit jamais dans ces œuvres de plaire, mais toujours d’enseigner et éduquer.
Dans ce poème-ci, nous verrons l’auteur comme guide spirituel et moraliste qui, d’une part, défend et illustre les idées, les valeurs et les vertus islamiques et, d’autre part, dénonce et prévient contre les vices de la nature humaine.
Ainsi, la valeur littéraire de « Zajr Al-qulûb » à caractère éthique et morale si riche et variée se caractérise par :
- son style fort sublime et riche en figures rhétoriques : métaphore, comparaison, énumération, image, etc… Une belle réflexion entre esthétique et morale,
- son argumentaire littéraire riche appuyant les idées. Il a usé des versets coraniques et des hadiths du prophète Mohamed PSL,
- ses expressions satiriques et ses belles tournures dans une langue arabe raffinée, élégamment rimée et rythmée,
- l’éloquence dans l’expression de sa sagesse qui met en relief le caractère dissuasif de ce poème.
Tout ceci donne au lecteur attentionné des aptitudes à capter le véritable motif de sa rédaction. En effet, Personne ne nie les engagements sincères et les préoccupations morales d’EL Hadji Malick SY. C’est pourquoi, lorsqu’il avait senti le phénomène de la dégénérescence morale dans les pratiques quotidiennes véhiculées par des leaders d’opinion religieuse ou coutumière, une corruption morale réfractaire aux ordres d’Allah, et cela traduisait tout simplement la perte de l’essence des valeurs islamiques et des principes éthiques. C’est ainsi qu’il eut l’idée de rédiger cette œuvre didactique dont la vocation est d’administrer à ces concitoyens des viatiques d’une certaine autonomie et une unité de valeurs, où l’homme et la vanité de ce bas-monde sont au début et à la fin.
La démarche que l’auteur imprime par le biais de ce poème repose fondamentalement sur une branche du soufisme : la perfection (Al-ihsân). Pour lui le musulman doit être en quête infinie de perfection. Il doit se mouvoir dans la société avec ses paroles et actes. Car, c’est la vie en société, au milieu des êtres, leurs caractères incommodants et leurs attentes, aux épreuves de la vie dans le culte des préceptes de l’Islam, dans la participation à l’intérêt général, la constance dans la patience, l’obséquiosité devant son seigneur et surtout la surveillance de ses moindres paroles et actes au service exclusif de son Seigneur qu’on peut exprimer sa foi afin d’atteindre les cimes de la perfection. Il dit :
Je te recommande la foi, car elle réunit tout le bien. Le pieu est toujours honoré.
Eloigne tes membres des interdits de Notre Seigneur par le bâton de la foi, il te récompensera.
Pour réussir cette vie recherchée et voir son âme volée au royaume de la félicité, lavée de toute souillure, pénétrée par le verbe et la vérité du Tout-Puissant et se voit plier devant lui la volonté divine, l’auteur dit que cet homme doit impérativement éviter les plaisirs et vanités d’une vie dont le poids total ne pèse pas plus qu’une aile de moustique.
Et si tu t’interroges sur la vie présente, sache que son plaisir se transformera, certes, en punition. Un homme doué doit l’éviter.
Et si tu t’interroges sur la vie présente, sache que ses accessoires sont, certes, des amas de rêves qui apparaissent et disparaissent.
Et si tu t’interroges sur la vie présente, sache que le licite est, certes, rapport et prison, et l’illicite est punition.