mardi, juin 3, 2025
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Conférence de Paris sur le thème « Face aux extrèmes guérir le monde par le dialogue des cultures et des religions »

Allocution de Serigne Abdoul Hamid SY, Président de la CEZAT

Paris le 29 mai 2025

Éminence, Serigne Moulaye Abdoul Aziz Sy, Représentant le Khalife Général des Tidianes , Serigne Babacar Sy Mansour.

Eminents membres de cette noble famille de Cheikh El Hadj Malick Sy qui vous accompagnent : Sérigne Babacar Ibn Habib,Serigne Mouhamadou Lamine KANE, Sérigne Cheikh Oumar Sy Jamil, Sérigne Mame Doudou Sy, Sérigne Sidy Ahmed Al Amine, Sokhna Safietou SY, Sokhna Fathima et Sokhna Thioro

Excellence, Monsieur Baye Moctar DIOP, Ambassadeur du Sénégal en France, Monaco et Andorre, Représentant le gouvernement du Sénégal,

Madame la Consule Générale du Sénégal à Paris,

Chers panélistes et conférenciers qui avez eu l’amabilité d’accepter de participer à ces échanges, malgré vos agendas certes très serrés, je veux nommer Révérend Abbé Louis Pasteur Faye, Messieurs les Professeurs Mbaye Thiam, Joseph Maila, Mohamed Chérif Ferjani, Messieurs Grégory Vandamme, Adama Aly Pam, Dr Bakary Sambe, Dr Jean-Pierre Bat,  Abdoulaye Rokhaya Wane,

Mon cher Ben Cheikh Faye, Président de la Dahira Sop Naby France, Sokhna Khadija, son épouse, éminents membres de la Dahira Sop Naby France et de la Zawiya Tijaniyya ici présents.

Mesdames, Messieurs chers participants, distingués invités, en vos rangs, grades et qualités, tout protocole respecté.

Nous réunir ce jour à Paris dans cet espace de l’Institut du Monde Arabe, symbole, à la fois, de l’amitié entre les peuples, de la fraternité et du brassage interculturel pour convoquer le thème du dialogue des cultures et des religions, plus qu’un simple exercice intellectuel, est un acte de foi. Une foi en l’humain, en sa prodigieuse capacité à construire pour lui et pour l’autre un avenir commun malgré les différences qui semblent les séparer.

Ce n’est pas un hasard si la Dahira Sop Naby et la Zawiya Tijaniyya, deux organisations sœurs qui sécrètent la même sève spirituelle, celle de la Tijaniyya, ont encore choisi Paris, pour y rappeler les vertus du dialogue, pour y exorciser les démons de l’enfermement idéologique et de l’extrémisme et partager l’expérience d’un islam d’ouverture, parce que d’essence soufi. Un islam qui embrasse l’autre au lieu de le rejeter, un islam qui exalte la différence et la diversité au point d’en faire une revendication.

C’est la promotion de cet islam d’ouverture, respectueux de l’esprit républicain et des lois qui le sous tendent qui nous a valu depuis l’année dernière d’institutionnaliser cette rencontre de Paris comme une tribune pour échanger sur les valeurs universelles que nous partageons et qui nous sont inoculées par le biais de notre substrat spirituel.

Tout aspirant au vivre-ensemble et au dialogue des cultures ne peut s’empêcher de frémir de bonheur en lisant ce verset du Coran qui sonne comme un véritable hymne à la différence et à la fraternité humaine. « Wa kazaalika jahalnaakum chuhuban wa qabâ’ila lita’ârafu »

« Nous vous avons érigé en peuples et en tribus différents pour que vous appreniez les uns des autres ».

Tout aspirant de cette belle école humaniste de Tivaouane, celle créée par le Saint Patriarche El Hadj Malick SY (Qu’Allah SWT soit satisfait de lui), ne peut qu’avoir dans son ADN cet amour du prochain et ce sens de l’Universel.  Lui qui a très tôt interdit l’étroitesse d’esprit et l’ostracisme dans les murs de cette cité idéale qu’il voulait dédier à l’amour de Son Seigneur, je dirais à l’Amour tout court. Car  l’Amour de Dieu  tout comme Sa Miséricorde embrassent toutes ses créatures, quelque soit leur foi ou même leur manque de foi (Wa rahmatî wassi’at kulla shay’). Et Sana’ii, un des grands maitres soufis disait quelque part que la foi et l’impiété couraient toutes les deux sur le chemin de Dieu.

Cette application malikienne de la culture de la paix est conforme à l’invite coranique de la Sourate 10, verset 25 :

Quran: 10. يونس   (10:25)

وَٱللَّهُ يَدْعُوٓا۟ إِلَىٰ دَارِ ٱلسَّلَٰمِ وَيَهْدِى مَن يَشَآءُ إِلَىٰ صِرَٰطٍ مُّسْتَقِيمٍ

« Allah appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin. »

Mesdames et Messieurs,

Si nous avons choisi ce thème, c’est parce que le constat est alarmant : il y a dans ce monde une inflation symptomatique de dialogue. Les cultures et les religions ne se parlent plus ou ne se parlent pas assez.

Et le résultat est plus que catastrophique car lorsque les voix se taisent, alors les armes prennent la parole. La haine et la négation de l’autre se banalisent.

Et comme me l’a appris un jour, non pas un imam, mais un prêtre catholique bien de chez nous et de façon très imagée, dans les coulisses d’une conférence organisée par la Zawiya Tijaniyya,  je le cite : « lorsque deux individus sont enfermés dans une pièce, s’ils ne se parlent pas au bout d’un certain temps, ils finiront par se donner des coups de poings ».

Voila où nous en sommes. Notre monde est blessé. Blessé par les guerres, les injustices, les exclusions. Blessé par les extrémismes qui, sous couvert de défendre une identité, une religion ou une culture, sèment la haine, la peur et la division.

Et sur ce registre, nos croyances qu’elles soient juives, chrétiennes, musulmanes ou bouddhistes ont leur mot à dire. Elles peuvent certes, apparaître dans bien des cas et bien des circonstances, comme le venin. Mais elles sécrètent toujours en elles, par la puissance des vertus cardinales qu’elles promeuvent, l’antidote qui nous fait revenir à nous-mêmes pour bâtir une société humaine plus juste, plus tolérante.

C’est ce que le Seigneur commande au Prophète (PSL) dans la sourate Al Anfaal :

« Wa in janahû lis-salmi fajnah lahaa wa tawakkal ‘ala lâhi innahu huwa samîhul ‘alîm (S.8, V.61).

Quran: 8. الأنفال   (8:61)

وَإِن جَنَحُوا۟ لِلسَّلْمِ فَٱجْنَحْ لَهَا وَتَوَكَّلْ عَلَى ٱللَّهِ إِنَّهُۥ هُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلْعَلِيمُ

Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient.

Le dialogue des cultures et des religions n’est pas un luxe de salon. C’est une urgence vitale. Un outil de guérison. Guérir nos sociétés des préjugés. Guérir nos cœurs de la peur de l’autre. Guérir notre jeunesse de la tentation du repli ou de la radicalisation.

Le Sénégal a toujours été une terre d’harmonie interreligieuse où chrétiens et musulmans cohabitent en paix. Cette culture du respect mutuel n’est pas une exception folklorique. Elle est un modèle pour le monde.

Et c’est ce modèle qu’il nous faut aujourd’hui proposer à nos partenaires d’Europe, d’Afrique, d’Orient. Non par arrogance ou suffisance, mais avec humilité. Non pour imposer, mais pour partager.

Le dialogue, s’il veut guérir, ne doit pas être un monologue bienveillant. Il doit être honnête, exigeant, réciproque. Il suppose l’écoute véritable. Il suppose le courage d’interroger ses propres certitudes, sans jamais renier ses convictions.

Chers amis,

Dans ce monde fragmenté, le rôle des leaders religieux, des penseurs, des éducateurs et des citoyens engagés est plus que jamais essentiel. C’est ensemble que nous devons ouvrir ces espaces de parole, ces cercles de confiance, ces rendez-vous du donner et du recevoir.

C’est donc avec la bénédiction du Khalife Général des Tidianes Serigne Babacar SY Mansour que nous sommes venus communier avec vous et montrer qu’un autre monde est possible, loin des clivages et des réflexes qui ostracisent.

Mesdames,messieurs,
Je ne peux clore mon propos sans vivement remercier Son Excellence Madame Christine Fages, Ambassadrice de France au Sénégal, qui a cru en cette rencontre des les débuts. Elle nous a ouvert bien des portes au niveau institutionnel ici en France et au Sénégal, elle nous a facilité bien des procédures pour l’obtention des visas pour notre délégation. J’associe à ces remerciements d’éminentes personnalités qui nous ont accompagnés dans la prise en charge de leur transport : les frères Cheikh Ahmed Tidiane Seck, Abdoulaye Ndiaye Ngalgou, Khalifa Ababacar Sarr, Directeur de la Sonaged, mon frère et ami Babacar Tall, Directeur  Général de Elton Oil Company.

J’y associe au nom de nos deux organisations, la presse nationale sénégalaise, la  RTS, la TFm, Malikiya TV, Le Journal Le Soleil qui n’ont ménagé aucun effort pour couvrir cet évènement.

Mais la palme revient surtout à Seydi Ben Cheikh et aux vaillants membres femmes et hommes de Sop Naby pour leur hospitalité désormais légendaire.

Une pensée enfin pour tous ceux qui devaient participer à cette conférence mais du fait des aléas des procédures, n’ont pu se joindre à nous.


Qu’Allah SWT bénisse cette rencontre.

Wa assalamu alaykum wa rahmatullah wa barakatuhu.

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