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Ethique et condition humaine : réflexion sur la pensée de Seydi El Hadj Malick Sy Rta.

« Figure emblématique de la Umma au Sénégal, Imam Maodo Malick Rta, à l’image de la plupart des grands Imams de la Umma qui l’ont précédé, fut à la fois fin pédagogue, interprète chevronné du Saint Coran (Mufassir), prédicateur convainquant, juriste de renom et leader respecté. » dans Seydi El Hadj Malick Sy, un héros de la Umma, Camara 2022.

En 1958, au lendemain de la parution de l’ouvrage “The Human Condition” (La condition humaine) de la célèbre philosophe Hannah Arendt, l’histoire de la pensée a connu un déclic que certains penseurs qualifient de “révolution philosophique”.

Hannah Arendt venait de sonner le glas d’une longue tradition philosophique qui dévalue la vie active en la limitant au primat de la vie contemplative. On parle alors de la naissance d’une philosophie d’action qui trouve toute sa pertinence dans le sens à donner à la vie de l’homme moderne, marquée, en cette période d’après deuxième guerre mondiale, par l’émergence de recherches scientifiques de nature à rendre la vie artificielle.

En revanche, si Hannah Arendt a eu le mérite de proposer une nouvelle offre philosophique avec la distinction à faire entre le travail, l’œuvre et l’action, les bases d’une philosophie d’action étaient, tout de même, bien établies par les dépositaires de la tradition prophétique. A l’image des grands mystiques musulmans tels que l’Imam Al Junaydi, l’Imam Al Ghazali, et plus récemment Seydi Ahmad At-Tidjâny ou Sheikh El Hadj Oumar Foutiyou Tall, on retrouve chez Seydi El Hadj Malick Sy les fondamentaux de la philosophie totale, une philosophie à la fois théorique et pratique, à savoir : l’endurance, la patience, la paix intérieure, le désintéressement face aux désirs de concupiscence…

Par ailleurs, selon la définition faite par Hannah Arendt de la condition humaine, « à la différence de l’animal, l’homme est capable de penser, de forger des outils, d’initier des actions, et cela appartient à sa condition. » Cette évidence fut très tôt intégrée par Seydi El Hadj Malick Sy, car toute sa vie peut être résumée en ces trois principes : le travail, l’œuvre et l’action.

Le triptyque Ja, Ju, Ba (Jàng, Juli, Bay) ou la philosophie de l’action

Avec une parfaite compréhension du message du Saint Coran et de l’enseignement du Prophète Muhammad Saws, l’intellectuel Maodo s’est très tôt astreint un mode de vie qu’aucune loi ne saurait corrompre. Pour ne pas s’exposer aux tentations et compromis de l’administration coloniale, Seydi El Hadj Malick SY s’investit dans l’agriculture, le commerce pour gagner sa vie dignement, à la sueur de son front. Il ne voulait dépendre de personne pour subvenir à ses besoins personnels, même les plus élémentaires. Sous cet angle, il fait preuve d’un bon modèle d’entreprenariat qui, jusqu’à nos jours, continue d’inspirer beaucoup de guides religieux, d’acteurs ou disciples admis à sa cause.

Conscient que la science est le plus grand héritage que le Prophète Muhammad SAWS a laissé à ses héritiers, il mit en place un important dispositif de recherche et d’acquisition de savoirs. Cela pour développer ses prédispositions intellectuelles et mentales. Les résultats qu’il en a obtenus sont de nos jours plus que palpables, car cent ans après sa disparition, les daaras et autres espaces de diffusion de connaissance affiliés à son école, tels que les zâwiyas, continuent de briller de mille feux.

S’agissant de son action, Mame Maodo est convaincu qu’il ne suffit juste pas de se limiter à comprendre le message divin, mais il faut agir. Or, la notion d’agir est pris ici dans le sens de l’éthique, qui est pour le maître spirituel Maodo, un modèle de bonne conduite édicté par l’Islam à travers l’accomplissement des actes obligatoires comme la prière.

De la condition humaine chez Seydi El Hadj Malick Sy Rta

L’humain est au début et à la fin de l’enseignement de Seydi El Hadj Malick SY Rta. Son enseignement est un projet de vie à travers lequel chaque personne y trouve son propre compte. Pour lui, l’être humain doit se donner impérativement les moyens de donner du sens à sa vie puisqu’il est à cheval entre la préexistence et la mort. Ainsi, tout ce qu’il se passe entre ces deux périodes émane de sa responsabilité. D’où l’obligation qu’il a à rendre significatif son passage sur terre. Dans son poème instructif « Zadjrul Qulûb », dont le ton sonne comme une sommation interpellative, Mame Maodo nous invite à un examen de conscience régulier afin que nous soyons en alignement avec les règles morales édictées par Allah SWT. Il nous invite également au discernement afin que nous soyons aptes à distinguer le bien du mal.

Il y a chez Seydi El Hadj Malick Sy, et chez beaucoup de mystiques musulmans, un principe sans lequel la vie ne peut avoir de sens : l’amour. Ce mot qui est le condensé de toute la philosophie du soufisme résume à lui seul le Mahabba que l’on peut avoir envers Allah SWT et son Prophète, notre Bien Aimé Seydina Muhammad SAWS.

L’Amour dont parle les Soufis, c’est le souffle vital de la vie elle-même. Il est le moyen avec lequel les croyants peuvent trouver la paix intérieure, espérer le Salut éternel, et aspirer à la meilleure des récompenses auprès d’Allah SWT. En ce sens, Allah SWT Dit dans le Saint Coran « Dis : si vous aimez vraiment Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux » Coran, verset 31, sourate 03.

Ayant très tôt compris la symbolique du Mahabba et sa finalité, le grand maître Maodo s’est alors engagé à consacrer toute sa vie, son œuvre et toutes ses aspirations spirituelles à la recherche de la meilleure bénédiction : l’Amour du prophète Muhammad SAWS. Dans son principal ouvrage sur la Sîra « Khilâsou Zahab » qui renferme trente chapitres suivant pas à pas l’évolution de la vie du Prophète SAWS, Mame Maodo dit à juste titre : « Je n’ai pour œuvre pie à Te présenter, que l’Amour, le Respect et la Soumission. »

Ce principe fondamental du Mahabba, c’est-à-dire l’Amour sincère d’Allah et du Prophète est la condition pour donner sens à notre existence, raffermir nos liens au sein de la société afin de préserver la paix et la cohésion dans l’espace publique. Notre Bien Aimé Seydina Muhammad SAWS rappelait à ce titre : « Vous n’entrerez pas au paradis tant que vous ne croirez pas, et vous ne croirez pas tant que vous n’aimerez pas. Dois-je vous dirigez vers quelque chose qui, si vous le faites, vous aimerez les uns et les autres ? Répandez la paix parmi vous »

Paix, Salut et Bénédiction d’Allah SWT sur notre Bien Aimé Seydouna Mouhammad SAWS. Amîne.

De l’humble serviteur Mouhamed Sambe, journaliste et aspirant Tidjâne.

Asfiyahi.org

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