À travers les pages de l’ouvrage intitulé «À l’ombre du Bénteñe : naissance d’une passion pour la ville», Cheikh Oumar Foutiyou Sy Djamil met en lumière l’héritage spirituel de Serigne Moustapha Sy Djamil dit Seydi Djamil. Il explore avec un regard critique l’histoire et l’évolution de la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane.
«À l’ombre du Bénteñe : naissance d’une passion pour la ville». Ainsi, est intitulé l’ouvrage de Cheikh Oumar Foutiyou Sy Djamil, fils de Moustapha Sy Djamil, appelé affectueusement Seydi Djamil. Préfacé par le Pr Mamadou Diouf de l’Université de Columbia aux États-Unis, suivi d’une introduction de l’ancien Premier ministre du Sénégal, Mamadou Lamine Loum, cet ouvrage de 165 pages, réparties en sept chapitres, retrace la vie et l’œuvre de son illustre et défunt père, qui a vécu «une existence simple et discrète malgré son statut élevé». À Tivaouane, il participait au Gamou annuel en qualité de chanteur attitré aux côtés de son oncle Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh et tant d’autres sommités religieuses. Un jour, son père Serigne Babacar Sy lui suggéra d’aller s’installer à Dakar. Depuis, il n’est jamais retourné à Tivaouane, même après le décès de son père en 1957. L’ouvrage raconte également des anecdotes. L’une concerne un fameux compte destiné au soutien à certains acteurs de la vie sociale. «Mon père a reçu un jour un chèque en blanc, mais il déclina le don. Il disait : «Bàyyileen ma ak sama yalwaanu taalibé» (je me suffis de la pitance de mes talibés).
Il exprimait ainsi, d’après M. Sy, «plus qu’une décision, sa conviction de se suffire de ses propres moyens et non de dépendre d’une quelconque affinité avec les politiques ou l’État». Il ajoute qu’il était fier quand la liste des bénéficiaires de ce compte a été publiée, car son père n’y figurait pas. Un homme que l’auteur décrit également comme «très attaché à la pratique religieuse» et détaché de la politique, mais l’engagement était très présent chez ses enfants, notamment avec le mouvement Power to the people (Ptp). Le défunt chef religieux était très cultivé et son domicile était un creuset culturel. Chaque matin, on lui apportait le journal Le Soleil. En plus, il ne ratait jamais l’édition de 20 heures de la Rts. «Il sortait rarement. Quand il le faisait, c’était un miracle et les gens couraient pour le voir», précise l’auteur. De 1967 jusqu’au 8 décembre 1993, date de son décès, il est resté à Fass. À travers le titre (À l’ombre de Bénteñe), M. Sy explore un regard critique de Gueule Tapée-Fass-Colobane qu’il qualifie de «commune de paradoxe». En fait, Bénteñe est un grand arbre mythique qui se trouve au centre de Fass-Colobane, juste derrière le domicile du défunt guide religieux.
«C’est le siège de notre mouvement, la Grande force citoyenne (Gfc). Cet arbre symbolise l’âme de Fass, de toute la commune», explique-t-il. À travers le sous-titre (Naissance d’une passion pour la ville), l’auteur exprime son ambition : «faire de la commune de Fass-Colobane-Gueule Tapée, une des plus belles villes», convaincu qu’on doit «repenser notre vie, notre environnement et notre localité». Selon l’auteur, Fass-Colobane-Gueule Tapée souffre d’un taux de délinquance élevé et d’une absence totale d’infrastructures sportives ou culturelles, en dépit d’une concentration unique d’infrastructures éducatives. M. Sy souligne que le problème le plus critique est celui des inondations récurrentes et de l’assainissement avec les eaux usées menaçant même le mausolée de son père (Seydi Djamil). Fort de son expérience et de ses ambitions politiques, il indexe la faible capacité d’investissement des municipalités et plaide en faveur d’une décentralisation radicale au Sénégal.
Souleymane Diam SY
Source: lesoleil.sn

