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SERIGNE CHEIKH AHMED TIDIANE SY AL MAKHTOUM : Maître, Phare, Université, Guide Civique

Je n’ai jamais cessé de scruter ses apparitions, et à chaque fois, la lumière qui en émanait m’inspirait. J’ai toujours su que Serigne Cheikh n’était pas un homme ordinaire. Pour moi, il était une Force de la Nature intellectuelle et spirituelle, un phare dont la lumière traversait les frontières de l’orthodoxie pour éclairer l’Humain dans sa totalité. Il incarnait cette rareté : un érudit dont la profondeur égalait la clarté, un homme dont la sagesse résonne aujourd’hui comme un appel urgent à la conscience.

I. L’Alternance et le Droit à la Vie : L’Exigence Cosmique

Sa lecture du monde transcendait le politique pour atteindre le cosmique. Je me souviens de la force avec laquelle il enseignait que la loi du changement, de l’Alternance, n’était pas une simple règle humaine, mais un Principe Divin inscrit dans le tissu même de l’existence.
J’entendais l’écho d’une conviction inébranlable, ancrée dans une lecture magistrale du Coran :
« L’Alternance est la plus « naturelle » des lois divines… C’est Nous qui faisons succéder les jours, les uns aux autres. »
Refuser cette dynamique, c’était se condamner à la déchéance. Il adressait alors un message retentissant à l’Afrique, appelant à une Morale Politique Nouvelle, gouvernée par des « hommes mûrs, créés par Dieu et non par des épouvantails ». Il nous prévenait : ceux qui refusent cette réalité « finiront toujours par ruiner leur pays en se ruinant eux-mêmes. »
Ce courage ne s’arrêtait pas à la succession ; il s’attaquait à la sémantique fallacieuse du pouvoir. Il fustigeait l’hypocrisie de ceux qui parlent d’« État de Droit » pour masquer l’essentiel :
« Pourquoi parler de l’Etat de Droit, alors que c’est le Droit à la Vie qui nous interpelle tous. »

C’était la voix d’un visionnaire qui exigeait l’authenticité et dénonçait ceux qui, coupés des réalités, n’organisent que des « festins où le gout amer du sang l’emporte de loin sur les délices… de la justice et de la Bonté… ».

II. La Transversalité et la Rupture du Contrat

Sa véritable grandeur, je l’ai vécue dans cette transversalité qui abolissait les frontières confrériques.
Je suis Mouride, et il le savait. Pourtant, il me considérait comme son fils. Mieux encore : lui, le guide Tidiane, adorait Cheikhoul Khadim et le montrait. C’est dans cette adoration affichée que résidait le génie de Serigne Cheikh, ce pont entre les traditions et les religions.
Ce pont se construisait sur la Justice. Il nous enseignait le principe de la « Rupture de Contrat » divine et humaine. Reprenant les paroles de Mame Hadj Malick SY, il tirait la leçon coranique :
« Dès qu’un chef politique cesse de considérer son pouvoir comme un instrument de travail, il cesse d’être un interlocuteur pour les gens de son pays… Dès que l’on cesse d’être légitime, on cesse d’être un homme important et dès qu’on cesse d’être un juste, on cesse d’être un recours… »

Ce n’était pas un discours d’opposition ; c’était un plaidoyer pour l’âme du Sénégal, un pays qui lui confiait : « J’ai la nostalgie de ce que j’étais et que j’ai cessé d’être… Je veux redevenir Moi-Même: un Sénégal Fier et Confiant ! »

III. L’Exigence de la Clairvoyance et le Soleil sous La Tente

Il était pour moi bien plus que le grand érudit ou le Khalife général des Tidianes. Il n’était pas que le grand-père des « Moustarchides », il était un père pour moi et pour beaucoup d’autres. Il était à lui seul une université.
Je me suis nourri de sa pensée. Lorsque je l’entends déclarer :
« Je préfère manquer de tout plutôt que de manquer de clairvoyance »
…je reconnais immédiatement la hiérarchie des valeurs qui a guidé sa vie. Il nous mettait en garde contre la complaisance :
« Se contenter de ce que l’on a est bien trop ordinaire pour se justifier devant l’admirable principe de ce que l’on veut. »

En contemplant cette dimension spirituelle qui s’étalait dans tout son éclat, je me demandais alors :
« Cette dimension spirituelle qui s’étale dans tout son éclat ne révèle t’elle pas la présence du Soleil sous la tente ? »
Et vous autres rayons n’êtes vous pas les routes de la Parole ?
Qui n’entend le sourire du Vrai bercé par cette voix illustre de l’Illustre CHEIKH ?
DIEU ! Que j’aime ce Maître !
Ces lignes, que j’ai écrites en 1998, sont l’écho de mon âme face à sa majesté. Je me souviens encore de novembre 1996 à Tivaouane, où je l’ai salué comme triomphant de l’Histoire, devenant «… prophète dans son propre pays ». C’était mon cri du cœur.

Mon désir est que mon indéfectible amour, nourri par sa profondeur et son courage civique, plonge définitivement mon cœur au milieu de ceux qui l’aiment et le comprennent, ici et ailleurs.

Talla Sylla

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