vendredi, novembre 22, 2024
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Mouhamadou Habib SY, un exemple de vie accomplie

     Né en 1906, à Tivaouane, il est le fils cadet d’El hadji Malick SY et de Sokhna Safiétou Niang. Il fit ses humanités ; d’abord auprès de son père, puis auprès de Serigne Saer Gueye et plus tard, chez Mouhamadou Hady Touré et à Saint-Louis.

     Apres de brillantes études couronnées par un grand succès, il resta aux ordres de ses frères, dans le cadre strict de la mission de la famille pour assurer une meilleure diffusion et transmission de l’enseignement islamique et de la confrérie tidiane, conformément à la voie tracée par le fondateur de la Zâwiya de Tivaouane.

     Déférent, à la limite de l’obséquiosité et symbole vivant de l’effacement, l’originalité de Mouhamadou Habib SY réside dans les leçons d’humilité et de l’acceptation de l’autorité parentale et spirituelle de ses frères. Par cette conduite exemplaire, il offrit à l’humanité le plus bel exemple du respect scrupuleux du droit d’ainesse. Il comprit très tôt que la famille a ses règles, ses lois, ses exigences et ses références et demeure une entité forte dont les piliers fondamentaux sont le respect et la considération des ainés. Il bâtît ainsi sa vie sur ce piédestal continu.

    Homme de terrain et de devoir, nanti d’éminentes qualités morales, physiques, religieuses reconnues par tous pour avoir pratiqué tous les aspects de la vie humaine, Mouhamadou Habib SY fut un guide émérite bien outillé pour conduire efficacement sa part de responsabilité dans l’héritage de son père et guide sous l’ombre de ses grand-frères. Il se distinguait surtout par sa rigueur morale et sa dignité souveraine dans les manières et comportements de la vie.

     Personne n’a jamais douté, pas un instant, d’après le caractère trempé qui était le sien, l’intransigeance, l’efficacité et l’esprit de méthode dont il faisait toujours montrer, qu’il était parfaitement à la hauteur des missions bien redoutées qui lui étaient confiées. Il les remplissait avec abnégation et dévouement. Des missions auxquelles il impulsa un dynamisme nouveau marqué du sceau de la conformité et du travail bien fait.

     Il posait toujours en rassembleur, en fédérateur des énergies et canalisait toujours vers l’idéal commun, celui de la confrérie Tidiane que ses frères ont emmené dans le sillage de la modernité, c’est –à- dire qu’ils en ont fait une institution vertueuse et soucieuse des droits de l’homme et du culte de la légalité, de la sainteté et de la sincérité dans la conduite.

Une âme généreuse et engagée pour l’unité et la cause de la famille :

     Très dynamique dans la vie active qui lui rapporta beaucoup de gains et d’une générosité légendaire, Mouhamadou Habib SY savait vraiment donner. Il donnait du temps, du soutien matériel et financier, de l’amour et de l’affection à sa famille biologique et idéologique, et particulièrement à ses frères sans arrière-pensée et sans regret.

     Il fut le premier à offrir à son grand-frère Serigne Khalifa Babacar SY la somme d’un million de francs CFA, puis une belle voiture tout en consentant d’être son chauffeur pendant une année. Quelle générosité !

     Une largesse qu’il étendit à ses autres grand-frères, particulièrement à El hadji Abdou Aziz SY qu’il offrit une voiture et un chauffeur. Plus décidé à lui montrer sa totale et indéfectible soumission, il lui fit cadeau de son temps et de sa force en séjournant, à certaine période de sa vie, à Diaksaw, en compagnie des disciples, pour cultiver ses champs pendant la saison des pluies. Un vrai don de soi et un engagement fort qui vont au-delà même du sentiment, pour la beauté du geste en quelque sorte. Mame Habib savait, en homme de devoir et de mission, que la confiance se mérite et le respect des ainés reste le seul gage d’une famille qui aspire au vrai épanouissement.

Premier président du comité chargé de suivre les travaux de la grande mosquée de Tivaouane :

     Vu la place qu’occupe Tivaouane dans l’échiquier religieux national et international et le rôle qu’il joue dans la pérennisation des valeurs et principes de l’islam, le khalife EL Hadji Abdoul Aziz SY avait vu à juste titre que cette ville méritait une nouvelle grande mosquée digne de son rang.

     A cet effet, en 1969, le khalife fit un premier appel pour la pose de la première pierre de cette nouvelle grande mosquée qui vit la présence d’éminentes personnalités à l’image de Serigne Mouhamadou Hady Touré, Cheikh Mbacké Gaindé Fatma, El Hadji Djily Mbaye et Thierno Seydou Nourou Tall qui était le parrain de l’événement.

     Quelques années après, plus précisément en 1976, il fit un deuxième appel pour lancer les travaux. A cet effet, il créa un comité de suivi des travaux de la nouvelle grande mosquée de Tivaouane. Il nomma Mouhamadou Habib SY comme président de ce dit comité.

     Très engagé, il occupait constamment le terrain. Il coordonnait, orientait, présidait les réunions du comité et s’assurait par un travail de contrôle efficient que les travaux avançaient, que l’exécution suivait son court, que la machine tournait rondement. Il était convaincu de la grandeur et de la noblesse de cette exaltante mission au service exclusif de Tivaouane. Dabbâgh sentait toujours sa posture de sentinelle à ses côtés et, par ailleurs, lui confiait beaucoup d’autres missions auprès des autorités spirituelles et temporelles et particulièrement auprès des disciples, à l’endroit de qui il tenait le langage de la vérité. Il était son bras droit privilégié.

Le travail : un remède pour se parer de toute forme de dépendance :

     Fils et disciple d’EL Hadji Malick SY, Mouhamadou Habib SY était mieux indiqué pour connaître la place qu’occupe le travail dans l’action de son père et guide. Avec détermination, il avait choisi de travailler dur pour gagner sa vie à la sueur de son front, pour éviter toute forme de dépendance.

     Pour ce faire, il pratiquait l’agriculture pendant la saison des pluies et le commerce pendant la saison sèche. Il achetait des marchandises dans certains pays comme le Maroc et la Gambie qu’il revendait au Sénégal.

    Pour la Gambie,   Mame Habib y comptait beaucoup de disciples, précisément à Bakaw-Town où il avait construit une maison et fondé un Dâra. Il a permis à beaucoup de gambiennes et de gambiens d’embrasser la religion musulmane et de maitriser l’enseignement coranique. Il a réussi à élargir la confrérie Tidiane jusque dans les confins de la Gambie.  

Un exemple de foi et de vertus :

     Mouhamadou Habib SY fut un grand guide par sa capacité de discernement et un homme probe, respectueux, humble et courtois. Son cœur n’a jamais cessé de se mettre au rythme de la foi. Sa langue n’a jamais cessé de prononcé les noms de Dieu. Il s’éloignait toujours de tout ce qui est suspicieux et erroné. Il ne s’immisçait jamais dans les affaires des autres. D’une générosité légendaire, il dépensait beaucoup pour l’amour de Dieu pour aider les serviteurs d’Allah, sans présomption aucune et sans rien espérer en retour.

    Son apparence reflétait son intérieur. Ce qui lui permettait d’affirmer la vérité en toute circonstance. Il était un ami des gens qui se reconnaissaient dans sa franchise et sa sincérité. Il osait les dire ce que personne ne les disait et avait raison de le faire pour leur rappeler à l’ordre établi par Allah.

    Il aimait adorer son Seigneur avec révérence. Il Le considérait son Unique et Meilleur Ami. Peu importe si le temps, la distance, les occupations éloignent parfois les amis, Mouhamadou Habib SY savait huiler son rapport avec Allah, son Seul Ami, il acceptait Ses épreuves comme il se réjouissait de Ses grâces. Même terrassé par la maladie et immobilisé sur son lit d’hôpital, il profitait des instants de répit pour anticiper sa réponse, la réponse à la fameuse question d’outre-tombe : Qui est ton Seigneur[1] ? Mouhamadou Habib SY répondait momentanément et à haute voix[2] : Allah est mon Seigneur[3] ! Une façon de dire qu’il savait apprivoiser la mort et anticiper l’autre vie, celle de l’éternité.

     Il avait l’habitude de dire que tôt ou tard, on se séparera de nos proches pour être dans les mains de Dieu, Le Tout-Puissant. Donc, mieux vaut s’éloigner des gens et se concentrer sur Allah avant la mort. Une manière d’affirmer que l’homme doit être toujours en méditation permanente avec son Seigneur.      

Un homme de lettre :

     A l’image de ses frères-maîtres, Mouhamadou Habib SY était un poète et un penseur fécond. Tous ces traits caractéristiques avec lesquels nous venons de le peindre, jaillissent d’une œuvre littéraire dont le génie inventif n’a d’égale que la profondeur de l’érudition, l’élégance du style et la beauté de l’expression.

    Sa vie, son œuvre comme sa production, à résonnance philosophique et morale, reste une source intarissable d’enseignements pour l’humanité. Malheureusement, elle n’est pas portée à la connaissance du public. Elle est limpide et savamment bien écrite. Elle a tout simplement besoin d’être rassemblée, corrigée[4] et publiée pour être protégée de l’oubli et contre toute tentative de falsification.

   Après une vie remplie, Mouhamadou Habib SY est rappelé à Dieu en France en 1992 à l’âge de 86 ans et inhumé à Tivaouane aux côtés de sa mère au-devant de la Zâwiya de son père.

Serigne Mbaye Ba

Petit-fils d’EL hadji Malick Kébé (Qu’Allah soit satisfait de lui)

Tivaouane

[1] Mane Rab’buka ?

[2] En présence d’EL Hadji Malick SY Dabbâgh et son épouse Sokhna Safiétou SY, fille de Mame Habib.

[3] Allahu rab’bî.

[4] Les seuls poèmes dont nous disposons manquent de rigueur sur tous les plans. Nous souhaitons attendre leur correction en étroite collaboration avec sa famille.

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