Chronique : En route vers la Ziarra Générale (J-11), par Diakoula CISSÉ, Membre de la Cellule Zawiya Tidiane, Disciple de la Vérité par la Vérité
« Balaa ngay wax xamal ñatt yii :
lingay wax
ki ngay waxal
ak fi ngay waxé »
— Serigne Babacar Sy (RTA)
Traduction :
« Avant de parler, médite trois éléments : ce que tu vas dire, à qui tu t’adresses, et l’endroit où tu le dis. »
Parler est un acte de foi
Dans cette parole à la fois simple et profonde, Serigne Babacar Sy nous renvoie à l’essence même de la parole dans la spiritualité musulmane : un acte qui engage, une responsabilité, une preuve de maturité spirituelle.
Le Prophète Muhammad (PSL), dont Serigne Babacar Sy fut un serviteur exemplaire dans la transmission du message, disait :
« Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou se taise. »
(Rapporté par Boukhari et Mouslim)
Ainsi, la parole n’est jamais neutre. Elle peut être lumière ou ténèbres. Elle peut soigner ou blesser. Elle peut unir ou diviser. Voilà pourquoi il est impératif de la peser.
- « Ce que tu vas dire » : Le contenu a un poids
Est-ce que ce que tu vas dire est véridique, utile, constructif ? Serigne Babacar Sy nous enseigne l’éthique de la sincérité. Une langue qui ment est un cœur malade.
Le Coran nous interpelle à ce sujet :
« Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques. »
(Sourate At-Tawbah, v. 119)
La vérité est un pilier de la foi, mais la vérité sans sagesse peut devenir un fardeau pour celui qui la reçoit. Voilà pourquoi la forme importe autant que le fond.
- « À qui tu parles » : chaque cœur a son langage
Ce n’est pas tout de dire la vérité, encore faut-il savoir à qui on s’adresse. Est-ce que ton interlocuteur est prêt à entendre ce que tu as à dire ? Est-ce que tes mots vont l’éclairer ou le heurter ? C’est cela aussi la pédagogie prophétique.
Le Prophète (PSL) parlait à chacun selon son niveau de compréhension. Il ne forçait jamais les cœurs, il les caressait avec miséricorde. Serigne Babacar Sy, dans son rôle de muqaddam, éducateur et guide, s’inscrivait dans cette lignée : transmettre sans brutaliser.
- « Le lieu » : tout espace n’est pas un espace de vérité
Il y a des vérités qu’on dit à huis clos, d’autres en public. Il y a des mots qui prennent tout leur sens dans l’intimité du conseil, et d’autres qui perdent leur sagesse quand ils sont lancés devant une foule. C’est ce que le Prophète (PSL) appelait « al-hilm » : la pondération, la sagesse dans le moment et le lieu.
Le Coran nous rappelle :
« Et dis à Mes serviteurs d’exprimer les meilleures paroles. Car le Diable sème la discorde parmi eux. »
(Sourate Al-Isra, v. 53)
Le silence comme force spirituelle
Celui qui sait parler avec mesure sait aussi se taire avec grandeur. Le silence, chez Serigne Babacar Sy, n’est pas faiblesse, c’est élévation. Il disait souvent :
« Ñuy xam ni niit du wax wax, wax mi la jëm ci niit. »
(« Ce n’est pas à l’homme de parler, mais à la parole d’aller vers l’homme. »)
C’est là que réside toute la philosophie de l’humilité et de l’intelligence intérieure.
Conclusion : maîtriser sa langue, c’est préserver son honneur
Serigne Babacar Sy nous rappelle que la maîtrise de la parole est le miroir de l’état du cœur. Un cœur rempli de lumière ne peut produire une langue pleine de ténèbres.
À l’heure où les réseaux sociaux et les débats passionnés prennent souvent le pas sur la réflexion, ce rappel est plus que nécessaire : parlons quand nos mots ont plus de valeur que le silence.
Diakoula CISSÉ
Cellule Zawiya Tidiane
