vendredi, novembre 22, 2024
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“Il y a soixante ans, un mois de mars de triste mémoire…” El Hadji Mansour, l’autre Maodo ou l’enfant prodige…

On dit souvent que « Maodo jurul kuko yess ». Le parcours de vie d’El Hadji Mansour SY balqawmi n’est pas pour contredire cette conviction, au contraire, tout en lui confirme l’adage « tel père tel fils ». Celui que l’on appelait « seriñu makk ñi » a toujours été considéré comme la « copie conforme de son père ». Ayant grandi et ayant étudié à l’ombre de Maodo qui a encadré ses humanités, « l’inspecteur de la tariqa »-ce titre étant de son grand-frère et maître, Seydi Abûbakar SY- a été responsabilisé très tôt par son père. Il écrivait déjà les correspondances du patriarche alors qu’il n’avait pas encore fini d’étudier l’abrégé bien connu sous le titre de « al muhtaçar » d’Abderrahmane Al akhdari ainsi que les ijâza (diplôme/ capacitation) que Cheikh Seydi Hadji Malick délivrait aux muqaddam . Autant dire que sa science a été précoce. Tout le monde s’accorde en effet, sur la qualité de sa maîtrise de l’arabe, qu’il ne se souvient pas avoir appris réellement, tellement son idiosyncrasie s’était adaptée à cette langue, au point qu’il en ait été étonné lui-même, demandant à son père quelle pouvait en être l’explication. Cette confiance du patriarche a été renouvelée par Cheikhal Khalifa qui lui confia bien des missions aussi bien à l’intérieur du pays qu’en dehors, comme lorsqu’il fallait, à la demande des autorités coloniales, prier pour la fin de la deuxième guerre. On était en 1944, il fut chargé de le faire, sur la tombe du prophète Muhammad (psl). Sur le chemin du retour, il eut l’opportunité de passer par le Maroc pour faire la ziarra du mausolée de Seydina Cheikh (rta). Il put rencontrer l’un des correspondants de son père, Muhammad Nazîfi, l’auteur de Durratul qarîda. Ce dernier, avant même de l’avoir vu, s’exclama : « je sens la présence de El Hadji Malick SY », c’est quelques minutes plus tard que Serigne Mansour se présenta à lui. Ce dernier, reconnut, par le style de son hôte l’épistolier de son père et lui demanda si c’est lui qui écrivait les correspondances de feu son père (rta), pour dire… Il a quitté ce bas- monde relativement jeune, à 57 ans, quatre jours après son aîné, Cheikhal Khalifa. Décidément le mois de mars est de triste mémoire pour la communauté tijan… Une vie courte avons-nous dit, mais tellement remplie et sous tous ses aspects : poète de talent, homme de Dieu reconnu.

C’est lui, Mame Mansour qui s’occupa de la formation spirituelle de l’aîné de Cheikhal Khalifa, Seydi Muhammadul Mustafa SY Jamîl. Dans un document sonore inédit, ce dernier faisait un témoignage qui en disait long sur la dimension spirituelle de son maître. Il y évoquait ses hauts faits : ses expériences spirituelles singulières faites de privation( il s’interdisait la consommation de produits carnés, se retirait dans la nature des jours durant jusqu’à ce qu’on aille à sa recherche) , ses capacités à dompter les esprits malfaisants que sont les jinns (l’histoire des champs de Pathé Khewé en est un cas patent) ou à guérir les malades mentaux qu’on lui amenait, sur le champ, sans philtre ni breuvage, juste par le regard, son kashf sans égal et la réputation qu’il avait à guider facilement la réalisation spirituelle de ses disciples et à en faire des hommes de Dieu accomplis . En dehors de Serigne Moustapha SY Jamil, on peut noter parmi ses disciples, le père de Thierno Mansour BARRO. Il était un zâkir réputé, ses deux chapelets à mille grains qu’il égrenait simultanément sont devenus légendaires. Il était réputé également comme intraitable contre tout ce qui portait atteinte aux liens de parenté. Il a consacré un poème retentissant à son grand-frère et maître pour rendre hommage à sa vigilance de tous les instants, lorsque Serigne Babacar vint mettre fin à l’imamat d’un étranger mauritanien, alors que tous avaient manqué de présence d’esprit pour s’élever contre cela. Il lui dit : «fa wâ ajaban fa wâ ajaban li cheikhi laqad saluhat salâtul jâmi’înâ fa lawlâka as salata la afsadûhâ / O quelle merveille que notre Cheikh ! Assurément c’est grâce à toi que notre prière du vendredi a été sauvée car n’eût été toi, nous l’aurions compromise… » Son poème- recommandation à son jeune frère El Hadji Abdou également est une preuve de son respect des liens de fraternité : « Abdul azîzi a’irnî-l- qalba ûcîkâ wacîyatan tashfî ‘anka kulla mâ fîkâ/ Abdoul Aziz prête-moi le cœur, que je te confie un testament qui soulagera toutes tes afflictions ». Sa forte propension à la poésie moralisatrice lui a valu le surnom de « Zuhayr de la famille SY », par le professeur Amar SAMBE, dans sa thèse d’Etat sur la contribution du Sénégal à la littérature d’expression arabe… Qu’Allah ne cesse de le pourvoir de Ses bienfaits, tant que retentira « fardun ‘alal ibnî chukrul walidayni » ou encore « fa lamma danawnâ min sanal badri wanjalâ » !

Issa FAYE

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