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Les Moukhadams de Maodo: El Hadji Thierno Seydou Nourou Tall

Dakar

(1862 – 1980)

Thierno Seydou Nourou, est un savant d’exception que l’on présente plus dans toute l’Afrique. Son amour pour le Maître Seydi Hadji Malick l’a fait rester dans notre pays où il a joué de très grands rôles. Il était le lieutenant par excellence du Maître Seydi Hadji Malick Sy.

Dans la culture Halpulaar comme celle Arabe, le nom du Père est toujours mentionné dans celui du fils; Seydou est fils de Nourou Tall, qui est lui même fils du grand savant de Bandiagara, le tortionnaire des impies El Hadji Omar Tall Al Foutiyou. Thierno Seydou Nourou est né en 1864 au Mali d’après Thierno Mountaga Tall; sa mère avait pour nom Aïssatou Kamissokho qui est une descendante directe du héros Mandingue Soundiatta Keïta et était la fille du roi Gadougou.

Son père Mouhamadou Nourou est fils d’El Hadji Omar et de Ramatoulaye, fille de Mouhamadou Bello, Sultan de Sokoto.

Thierno Seydou Nourou est décédé à l’âge de 116 ans le 25 janvier 1980. L’on raconte que ces proches collaborateurs ne l’ont vus malade qu’une seule fois toute sa vie durant, il est tombé malade pendant deux jours, et c’est au troisième jour qu’il rendit l’âme un vendredi.

La vieillesse n’avait pas atteint son corps, à cet âge de 116 ans, il avait encore toute ses dents. L’on raconte que c’est quelqu’un qui raffolait d’arachide grillé (guerté thiaaf).

L’on raconte que c’est à la même année de naissance de Thierno Seydou Nourou en 1864 que le Maître El Hadji Omar Tall Al Foutiyou est rentré dans la roche de Bandiagara pour y disparaître mystérieusement. Thierno Seydou Nourou est aussi un descendant du célèbre  Ousmane Danfodé au Nigeria, comme quoi Thierno Seydou Nourou avait un pied au Sénégal, un autre au Mali, et un troisième au Nigeria. Thierno Seydou Nourou a étudié les sciences Islamiques pendant un peu plus de 40 ans, c’est en 1914 qu’il arrêta d’étudier le jour où il franchit le seuil de la demeure du Maître Seydi Hadji Malick Sy.

Le fils du Maître El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh a confié un jour que si le Sénégal a reçu son indépendance, c’est grâce à la seule personne de Thierno Seydou Nourou Tall. El Hadji Abdou de dire que donner son nom à une  avenue est trop peu au regard de ce qu’il a fait pour notre pays, d’après lui c’est le Sénégal dans son ensemble qui devait porter son nom.

El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh raconte qu’il a été témoin, lorsque Degaulle était venu et qu’on lui réclama l’indépendance, ce dernier refusa; mais c’est grâce à une action commune mené par lui même, accompagné de Thierno Seydou Nourou et de Cheikh Al Islam Baye Niasse pour aller à la rencontre du général que l’indépendance a pu être obtenu. Thierno Seydou Nourou avait hérité une science qui lui permettait d’obtenir tous ce qu’il voulait d’un blanc lorsqu’il serrait sa main; lorsqu’il a serré la main de Degaulle, il le regarde droit dans les yeux , puis lui dit : « Donne leur ce qu’il demande ! » Degaulle de répondre « Je leur donne sur le champ, et je place tout entre tes mains. »

Thierno Seydou Nourou aimait dire que la prière récompensée plus la femme que l’homme, il disait le vrai devoir d’un homme qui veut avoir la reconnaissance de Dieu c’est d’aller à l’aventure en aidant les pauvres, en répandant la science et en travaillant pour subvenir aux besoins des musulmans. Thierno Seydou était un savant, avec un père savant en l’occurrence Nourou et un grand père savant qu’on ne présente plus en Afrique en l’occurrence El Hadji Omar Al Foutiyou Tall; en résumé il a hérité de la science des aïeux paternels et de la royauté de ces aïeux maternels. Thierno Seydou Nourou Tall apprit le Coran jusqu’à sa maitrise parfaite auprès de neuf marabouts, son père décéda lorsqu’il atteint l’âge de 06 ans, juste avant de quitter ce bas monde, il l’emmena à l’école coranique de Thierno Mouhamed Babouni de Nioro, ensuite il étudia auprès de Aliou Mahmoudà, puis chez Ahmad Ibrahim avec lequel il ne dura pas c’est entre les mains du marabout Abou Djalouma qu’il finit par maîtriser l’ensemble du Coran en entier. À la fin de ces études coraniques, le pays était divisé par la colonisation qui voulait s’imposer par force et c’est dans cette optique que Thierno Seydou Nourou apprit une science secrète qui lui permettait d’obtenir tous ce qu’il voulait du blanc s’il serre la main de ce dernier. Toujours dans l’approfondissement de ces capacités intellectuelles, Thierno Seydou Nourou se rendit à Ségou au Mali jusqu’à l’arrivée des colons qui détruisirent le village. Après cette persécution, Thierno Seydou Nourou se rendit avec sa mère  à Galé dans le royaume de sa famille maternelle, et apprit des sciences auprès de Thierno Mody Fodé Pakala avec qui il passa énormément de temps. Lorsqu’il essaya de travailler, il se lança dans le commerce d’ivoire, l’on raconte qu’un jour il rapporta beaucoup d’or à sa mère qui déclina en lui disant : «  je n’attend pas de toi ce que tu es entrain de faire , je veux que tu poursuives la mission de tes aïeux qui est de vulgariser la science et l’Islam, pour cela tu dois t’armer de connaissance comme personne. »

À l’entente de ses mots venant de sa mère, Thierno Seydou Nourou se résolut à devenir le plus grand lettré que le monde n’a porté depuis sa création à nos jours par la grâce de Dieu. Thierno Seydou Nourou parti étudier auprès de Thierno Mouhammadou Hola qui était le plus grand savant dans le rare domaine du « Ilm Kimiya »; la science était tellement rare qu’il était presque impossible de trouver un Maître capable de te l’enseigner, Thierno Seydou Nourou resta 8 ans auprès de lui, après ce passage il devint un savant remarquable.

L’on raconte même que Thierno Seydou Nourou avait la capacité de lire dans les pensées des humains et qu’il pouvait toucher avec sa main un homme qui était à des centaines de kilomètres. Thierno Seydou Nourou maîtrisait l’ensemble des sciences qui étaient écrites jusqu’à en avoir une maîtrise totale. C’est en savant accompli que Thierno Seydou Nourou est venu auprès du grand savant Thierno Amadou Mokhtar Sakho au Fouta pendant 13 ans. Tous les savants qui ont côtoyés Thierno Seydou Nourou ont voulus le retenir pour le garder auprès d’eux.

Thierno Amadou Mokhtar Sakho le Professeur de Thierno Seydou Nourou était Cadi (juge islamique)à l’époque ; lorsqu’il s’absentait il y avait parmi ces grands disciples quelqu’un pour le remplacer et Thierno Seydou Nourou était de ceux là. Un jour d’absence de Thierno Amadou Makhtar Sakho, c’est Thierno Seynou Nourou qui devait donner un jugement, ce qu’il fit malheureusement une grande partie de ces condisciples contestèrent sa décision et cela créa un grand tolet qui nécessita l’intervention du gouverneur de Saint Louis.

Le gouverneur de Saint Louis écrivit une lettre à Thierno Amadou Makhtar Sakho pour s’enquérir de la situation tout en lui demandant que l’homme qui a émis le jugement devait venir répondre à Saint Louis. Thierno Seydou Nourou prend la route de Saint Louis pour venir répondre au gouverneur à la demande de Thierno Amadou Makhtar Sakho, arrivé sur place il eut une longue conversation avec le gouverneur , à la fin de la discussion le gouverneur lui dit que : « je sais que ton jugement est véridique. » Cette information fit le tour du pays, et a été même mentionné à la une du célèbre journal Paris Dakar de l’époque  avec la photo de Thierno Seydou Nourou.

À la même période le Maître Seydi Hadji Malick était à Saint Louis, Thierno Seydou Nourou écrivit une lettre pour demander l’avis du Maître Seydi Hadji Malick concernant le jugement , le Maître le confirma dans sa posture et Thierno Seydou Nourou se résolut à venir le voir. Après une longue discussion entre eux un amour mutuel indescriptible naquit immédiatement entre les deux saints hommes. Thierno Seydou Nourou était tellement ébahi par la dimension intellectuelle et spirituelle du Maître qu’il se résolut à le suivre séance tenante après avoir dit ces revoirs à Thierno Amadou Makhtar Sakho. Après avoir fais ces adieux à Thierno Amadou Makhtar Sakho, il est revenu à Saint Louis pour accompagner le Maître Seydi Hadji Malick Sy en 1914. Lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée de Tivaouane le Maître lui dis : « La Tariqa ne veut pas de Jinn, je t’ordonne de libérer tous tes Jinns » Thierno Seydou de Répondre : « J’ai libéré tous mes Jinns » et le Maître d’enchaîner « Oui tu les as tous libérés à l’exception d’un Jinn que tu as laissé à l’entrée de la ville sainte, lui aussi tu dois le libérer. » Thierno Seydou Nourou s’exécutât sans broncher.

 Thierno Seydou Nourou avait une haute estime du Maître Seydi Hadji Malick qu’il écrivit dans un poème : « Oh Maître Seydi Hadji Malick, sache que je ne me considère pas comme ton disciple, mais je me considère comme ton esclave. »

Le Maître Seydi Hadji Malick l’envoya à de multiples missions pour islamiser des territoires Africains et des contrées reculés du Sénégal, son érudition était manifeste.

Thierno Seydou Nourou Tall déclara à haute et intelligible voix que n’eut été le Maître Seydi Hadji Malick, il serait en enfer. Lorsque le Maître Seydi Hadji Malick fût convoqué par le gouverneur, Thierno Seydou Nourou insista pour l’accompagner, arrivé au bureau du gouverneur Thierno Seydou Nourou prit la main du garde et lui demanda d’aller chercher deux chaises pour lui et le maître , ce dernier s’exécutât sans broncher car tel était le pouvoir de Seydou Nourou devant un blanc. Alors que Thierno Seydou Nourou était assis devant le gouverneur , sa tête commençait à changer de forme pour devenir soit une tête de lion ou de panthère. Le gouverneur eut tellement peur qu’il leva immédiatement la séance , à la sortie de la salle le Maître lui dit : « Thierno Seydou arrête d’utiliser ce genres de pouvoir car ça te ralenti dans le chemin qui mène vers le Créateur. »Thierno Seydou Nourou de répondre au Maître Seydi Hadji Malick : « Je préfère commettre un péché que de voir le blanc t’emprisonner. »

Un jour le Maître Seydi Hadji Malick l’appela, Thierno Seydou Nourou arrivât, lorsque ce dernier parlait science avec le Maître ils écrivaient tous le temps dans le sable dans le but de pouvoir effacer certaines écritures qui ne doivent en aucun cas tomber entre de mauvaises mains. Le Maître écrivit dans le sable et lui dis : « Sayid qu’est ce que tu connais de ce secret ? » et Thierno Seydou Nourou de citer tous ce qu’il savait de ce secret , le Maître reviens en arrière pour lui demander à nouveau des choses qu’il ne savait dans tous ce qu’il a dis qu’il savait. Puis le Maître de lui dire : « Sayid le Créateur est au dessus tout, toutes sciences qui n’est pas sacré je t’ordonne de l’abandonner ».

On raconte qu’il aimait dire à El Hadji Abdou : « Tu as une belle voix certes, quand tu récites le Coran, mais celle de mon maître Seydi Hadji Malick est encore plus belle que la tienne.»

Ces rapports avec l’ancien Président Leopold Sédar Senghor étaient tellement étroits que ce dernier savait qu’il risquait une triste fin s’il se maintenait au pouvoir en l’absence d’El Thierno Saidou Nourou. Son apport a été incommensurable. Il lui a dit : “Le jour où tu ne me verras plus, sache que tu auras du mal à gouverner ce pays.” Il a joué un rôle majeur dans l’accession de Senghor au pouvoir, face à des adversaires politiques comme Lamine Guèye.

Senghor, un Sérère, qui venait de très loin, sans soutien, n’avait pas tous les atouts pour être chef d’Etat. Thierno Saidou Nourou l’a assisté sur plusieurs plans. Ce n’est pas le fruit du hasard s’il a pris le soin de quitter volontairement le pouvoir en 1981. Il faut aussi souligner que Thierno Saidou Nourou a eu à financer des études de Senghor.

Comme exemple cette anecdote : “Quand Senghor était étudiant, sa famille l’avait perdu de vue, sa grande sœur est venue, tout en larmes, solliciter le soutien de Thierno Saidou Nourou qui lui a prêté main forte. Thierno Saidou Nourou envoyait souvent de l’argent à Senghor pour qu’il puisse étudier. D’ailleurs, les sortants de la promotion 1980 de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) gardent en mémoire le témoignage de Senghor à son égard.

A l’occasion de la sortie de la promotion “El Hadji Saidou Nourou Tall”, le chef de l’Etat sénégalais avait déclaré que Thierno Saidou Nourou s’est battu intensément à sa manière pour la liberté et l’indépendance du Sénégal. Il disait que c’est grâce à Saidou Nourou, un homme d’expérience doublé de stratège, qu’il avait gagné en sagesse et en maturité politique. Thierno Saidou Nourou lui avait inculqué souplesse, courage et abnégation. Il l’a aidé à cultiver le sens de la mesure.

Il était aussi un polyglotte. Son éloquence était séduisante. Le pays entier lui doit une fière chandelle. Lors des événements qui ont lieu à Dakar entre De Gaulle et le gouverneur de Conakry, Blachère, le premier est venu ici pour accuser la communauté léboue de haute trahison et a voulu les sanctionner. mais Thierno Saidou l’a poussé à revoir sa décision. A Conakry, toutes les portes lui étaient ouvertes, dont celles du palais de la République. Blachère disait de Thierno Saidou Nourou qu’il devait sa noblesse à son amour de la vérité et à son intelligence.

Il ne se contenta pas seulement d’apprendre et d’assimiler, il fut aussi un écrivain fécond, auteur de plusieurs ouvrages en langue arabe qui le classent parmi nos meilleurs auteurs en langue arabe.

Il est ainsi l’auteur d’un char’h (commentaire) de la Risâla, ce fameux ouvrage de ibn Abi Zayd Al –Qayrawâni. Nanti d’une solide formation et d’une riche expérience, il a su mettre sa vaste culture et sa compétence au service des hommes de toutes conditions tant au sein de son pays qu’à travers toute l’Afrique occidentale et centrale.

Son grand guide spirituel EL Hadji MALICK SY de Tivaouane, au soir de sa vie, lui aura confié ceci : « nos rapports sont ceux qui ont existé entre le prophète Mohamed (S.A.S) et Abû bakr, nous sommes comme Arouna et Moussa, je te fais l’un de mes successeurs spirituels ».

Lorsque le Maître était sur le point de quitter ce bas monde, il appela Thierno Seydou Nourou, ainsi que les Maîtres Serigne Babacar Sy, Serigne Mansour Sy et El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh, tenât fortement leurs quatre mains  en un bloc et leur dis : « Aussi tumultueuse que sera la tempête ne vous séparez jamais, mes chers fils ». Lorsque le Maître Seydi Hadji Malick retourna auprès du Créateur, Thierno Seydou Nourou voulait retourner au Mali, mais c’est en l’honneur du serment fait au Maître Seydi Hadji Malick qu’il a continué à rester au Sénégal. L’amour de Thierno Seydou Nourou envers la famille du Maître Seydi Hadji Malick était incommensurable, d’ailleurs le seul fils garçon de Thierno Seydou Nourou décédé à l’âge de 33 ans porte le nom de El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh.

Le nom de Thierno Seydou Nourou Tall a été donné notamment à l’ancien Lycée d’Application de Dakar ainsi qu’à une nouvelle mosquée de la capitale.

Fédérateur et doté d’un grand sens de responsabilité, Seydou Nourou participera surtout à l’installation de Serigne Babacar Sy comme Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy. Il est l’initiateur de la réunion des Moukhaddams à Tivaouane, le 12 mai 1957, deux mois après le décès de Serigne Babacar Sy. Seydou Nourou a ainsi marqué de son empreinte les affaires de la famille Sy par égard à Cheikh El Hadj Malick Sy, son directeur de conscience.

« entre 1920 et 1959, les gouverneurs généraux, les gouverneurs des territoires, les commandants de cercle, reconnaissent unanimement sa contribution positive à la stabilité du pays dans les ex AOF et AEF ». C’est un homme d’ouverture et grand médiateur dans les différents Etats où il compte des disciples et un des précurseurs du dialogue islamo-chrétien.

Thierno Seydou Nourou a abandonné le trône , la Baraka de ses aïeux et son pays natale pour demeurer en tant que disciple du Maître Seydi Hadji Malick Sy à ces côtés au Sénégal.

Par Alphahim Mayoro

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