Mbour
El Hadji Amadou Wade est l’un des plus grands savants de notre pays, malheureusement méconnu.
El Hadji Amadou Wade est né en 1900 à Rufisque, sa mère s’appelait Aminata Lèye et son père s’appelait Babacar Wade; c’est un descendant direct du célèbre savant Mame Makhone Wade de Rufisque. Son père Babacar Wade lui a enseigné le Coran avant de quitter ce bas monde lorsqu’il avait l’âge de 10 ans. C’est son oncle commerçant Modou Lèye qui le conduisit à Mbour pour lui apprendre le commerce. À un moment donné El Hadji Amadou Wade sentit la nécessité d’aller étudier , c’est dans cette optique qu’il demanda la permission à son oncle pour aller étudier à l’âge de 21 ans. C’est son oncle qui le mît en rapport avec le savant Tafsir Demba Sall qui était un disciple du Maître Seydi Hadji Malick basé à Mbour pour y étudier les sciences Islamiques. Lorsqu’il eut le désir de maîtriser l’ensemble des sciences Islamiques, c’est le savant Tafsir Demba Sall en personne qui écrivit une lettre au Maître Seydi Hadji Malick Sy pour que El Hadji Amadou Wade se rende auprès de lui. Au moment de partir ses parents lui ont remis beaucoup d’habits qu’il distribua à ses condisciples une fois arrivé à la cour du Maître Seydi Hadji Malick Sy. Lorsqu’il arriva auprès du Maître Seydi Hadji Malick, il lui remit la fameuse lettre, après lecture le Maître l’envoya dans un village dénommé Keur Mame Alaji situé à 7 km de Tivaouane. Il est arrivé à Keur Mame Alaji pendant la saison des pluies, El Hadji Amadou Wade ne connaissait pas l’agriculture car vivant dans la petite côte près de la mer, c’est dans ce village qu’il pratiqua pour la première fois l’agriculture.
Lors de son premier jour de travaux champêtres, il avait les doigts ensanglantés, cela ne l’a pas découragé car le lendemain il retournait aux champs de plus belle. D’ailleurs le Maître Seydi Hadji Malick quitta ce bas monde à la même année en 1922. Au décès du Maître son professeur l’amena avec lui à Tivaouane à la cérémonie de levée de corps du Maître, il trouva sur place le Maître Serigne Babacar Sy. Son Professeur est venu jusqu’au Maître Serigne Babacar Sy pour lui dire, que c’est le Maître Seydi Hadji Malick qui l’avait remis cet enfant; mais les capacités intellectuelles de ce dernier l’étonnaient de jour en jour. C’est le Maître Serigne Babacar Sy, qui lui a demandé d’aller à Saint Louis auprès du disciple du Maître Seydi Hadji Malick denommé Serigne Birahim Diop qui est d’ailleurs l’un des plus grands savants de sa génération. Avant de se rendre à Saint Louis El Hadji Amadou Wade est allé à Keur Mame Alaji continua les travaux champêtres jusqu’à avoir la bénédiction de son professeur. C’est sur ces entrefaites qu’il arriva à Saint Louis pour retrouver Serigne Birahim Diop et le Maître Serigne Mansour Sy Balkhawmi qui était lui aussi à Saint Louis. El Hadji Amadou Wade n’a plus quitté la cour de Serigne Birahim Diop, c’est là-bas qu’il apprit l’ensemble des sciences Islamiques. C’est d’ailleurs le Maître Serigne Mansour Sy Balkhawmi qui lui remit le Wird Tijane, et serigne Birahim Diop lui remit une Ijaza (certification) en sciences Islamiques toutes catégories confondus.
Lorsqu’il fut en âge de rejoindre le Maître Serigne Babacar Sy dans la mission, il s’est dit qu’il ne va pas y aller simplement. Il a écrit une lettre, puis il est venu jusqu’au niveau de la mer de M’Bour puis il dit : « Maître Serigne Babacar Sy, je veux savoir si tu es réellement l’héritier spirituel du Maître Seydi Hadji Malick raison pour laquelle je viens aujourd’hui au niveau de cette mer pour y jeter la lettre que je vous ai écris afin que tu la reçoives. » puis il jeta la fameuse lettre. Lorsqu’il jeta la lettre, c’est un poisson qui l’avala puis poursuit sa course jusqu’au village de Niangal. Lorsqu’on attrapa le poisson à Niangal, c’est une dame du nom de Seynabou Diouf habitant Tivaouane qui a acheté le poisson en question. Lorsqu’elle arriva à Tivaouane pour vendre le poisson, le Maître Serigne Babacar Sy était dans sa chambre, il appela son bras droit le sage Kourdiyou Gaye, il lui dit : « Dis à Sokhna Astou Kane d’aller devant la demeure de Aly Taha, il y’a une femme qui vend là-bas un poisson, achète le poisson à n’importe quelle prix, la dame qui le vend porte un voile rouge. »
Revenu de là-bas Sokhna Astou Kane l’épouse du Maître Serigne Babacar Sy ouvrit le ventre du poisson et y trouva la lettre et le remit au Maître Serigne Babacar Sy. Ensuite le Maître envoya dare dare serigne Abdou Karim N’Diaye à qui il demande d’aller à Mbour pour y trouver Serigne Amadou Wade et lui dire qu’il avait reçu son message. Lorsque serigne Abdou Karim N’Diaye arriva à M’Bour, il trouva serigne Amadou Wade couché sur une pliante; il lui dit : « C’est Le Maître Serigne Babacar Sy qui m’envoie vers toi, il me demande de te dire qu’il a reçu ton message. »
À l’entente de ses propos Serigne Amadou Wade sursauta, il avait un véhicule deux chevaux, il appela immédiatement le chauffeur pour lui demander de l’emmener à Tivaouane sur le champ.
C’est ainsi qu’il revint à Mbour pour y implanter une école coranique, les disciples affluaient de toute part et c’est un de ses grands frères qui acheta une demeure plus grande à Mbour pour que le Saint homme puisse y élire domicile. En achetant la maison son grand frère lui dit : « notre héritage c’est la science, et comme tu es le plus cultivé d’entre nous; prend cette demeure et fais en ton école coranique. »
À la même période il venait de créer la Dahiratoul Akhibawoul Khalifa qui est la première Dahira ayant existé dans la contrée de Mbour. Il décida d’aller rencontrer le Maître Serigne Babacar Sy pour valider avec lui le nom choisi pour la Dahira. C’est d’ailleurs le Maître Serigne Babacar Sy qui confirma le nom qu’ils avaient choisis pour leur Dahira. C’est à son retour qu’il mît en place les champs de Ngeurign. Au moment de revenir auprès du Maître Serigne Babacar Sy il était accompagné de toute la population de Mbour pour venir profiter de la Baraka du Saint homme. C’est grâce à l’action d’El Hadji Amadou Wade que le département de Mbour a pu jouer un grand rôle dans le développement de la Tijanniya au Sénégal. El Hadji Amadou Wade appliquait dans sa vie de tous les jours la Chariah pur. Il a produit plusieurs poèmes sur la famille du Maître Seydi Hadji Malick Sy, et sur le Prophète Muhammad SAW.
L’On raconte qu’un jour en quittant Mbour pour rallier Tivaouane, le chauffeur a confondu la route de Tivaouane et celle de Popenguine, El Hadji Amadou Wade a écrit des vers sur cette aventure.
Sa science était telle qu’il disait à haute et intelligible voix, sans être démenti que : « D’ici jusqu’aux confins de Tivaouane je suis le plus grand savant. »
Le Maître Serigne Babacar Sy de lui répondre un jour en lui disant : « tu as du respect pour Tivaouane mais tu peux entrer jusqu’à l’intérieur. »
Sa dimension spirituelle était incommensurable; il a formé une kyrielle de savants par mis lesquels on peut citer le très connu savant du Saloum en l’occurrence Serigne Ahmad Ndiaye Bouchra.
El Hadji Amadou Wade est le père du savant Cheikh Tijane Wade l’un des plus grand érudits du Sénégal actuel qui fait l’exégèse du Coran chaque Ramadan dans la cour du Maître à Tivaouane.
Par Alphahim Mayoro