La clémence, synonyme de miséricorde, d’indulgence et de pardon, était une caractéristique essentielle du Prophète Muhammad (ﷺ). Cette qualité, bien plus qu’une simple vertu personnelle, était un pilier central de sa gouvernance à Médine. Comment aurait-il pu en être autrement ? En effet, Allah SWT nous rappelle dans le Coran, sourate Al Anbiyah, verset 107, le fondement même de la mission prophétique : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers ». Montrer à l’humanité le chemin vers la miséricorde Divine, telle était l’essence de la mission du Prophète, qui ne se contentait pas de l’enseigner, mais en faisait un mode de vie et une politique de gouvernance.
Le Coran exhorte fréquemment les croyants à faire preuve de clémence, et le Prophète Muhammad (ﷺ) en est l’exemple par excellence. Sa conduite envers ses compagnons, ses ennemis et même les animaux témoigne d’une compassion sans bornes. Cette clémence n’était pas synonyme de faiblesse, mais plutôt une force morale qui lui permettait de maintenir l’unité et de renforcer les liens sociaux au sein de la communauté musulmane naissante.
À de nombreuses occasions, le Prophète Muhammad (ﷺ) a démontré sa bienveillance et sa clémence. Pendant les conflits armés, les prisonniers de guerre étaient traités avec humanité et respect. En agissant ainsi, le Prophète (ﷺ) se conformait à l’ordre divin, car Allah SWT lui enjoint dans le Coran (Sourate 8, verset 71) : « Ô Prophète (ﷺ) ! Dis aux prisonniers qui sont entre vos mains : Si Dieu voit de la droiture dans vos cœurs, Il vous donnera des richesses plus précieuses que celles qu’on vous a enlevées, et Il vous pardonnera, car Il est clément et miséricordieux. »
Après la conquête de La Mecque, le Prophète (ﷺ) a accordé un pardon général aux Qurayshites, ses anciens persécuteurs. Cet acte de grande magnanimité a contribué à unifier la péninsule arabique. En effet, cette conquête est restée dans les mémoires comme l’une des plus pacifiques de l’histoire : aucun acte de vengeance, aucun pillage, aucune persécution n’a été commis contre ceux qui l’avaient inlassablement combattu. Cette attitude a incontestablement aidé à pacifier les relations entre les tribus et entre les musulmans et leurs anciens antagonistes.
La clémence prophétique a donc eu un impact profond sur la gouvernance à Médine. Elle a permis d’instaurer un climat de confiance et de sécurité, favorisant ainsi le développement économique et social. Cela se manifestait dans l’administration de la justice. En effet Le Prophète (ﷺ) veillait à ce que la loi soit appliquée de manière équitable, mais il accordait toujours une seconde chance aux repentants. Les exemples pour l’illustrer sont nombreux, mais nous en relaterons seulement le plus marquant : celui d’une femme venue confesser un adultère. Le Prophète (ﷺ) l’a renvoyée plusieurs fois pour éviter de lui faire subir la lapidation. La sentence n’a été exécutée que deux ans plus tard, sur l’insistance de la femme, après le sevrage de l’enfant né de cet adultère.
L’héritage de la clémence prophétique est immense. Elle doit continuer d’inspirer les dirigeants, musulmans ou non, à adopter des politiques plus humaines et plus justes. Les principes de gouvernance inspirés par la clémence prophétique sont particulièrement pertinents dans le monde contemporain, marqué par des conflits et des inégalités. Utiliser la clémence comme levier devrait permettre de résoudre les conflits de manière pacifique et durable, et peut servir de moyen de réhabilitation des criminels et de réinsertion sociale.
Ayant fait preuve d’une grande magnanimité envers ses contemporains, d’une mansuétude et d’une empathie inégalables, le Prophète (ﷺ) se voit conforté dans sa conduite par Allah SWT qui lui dit dans le Coran, sourate 3, verset 159 : « C’est par un effet de la grâce d’Allah que tu es si conciliant envers les hommes, car si tu te montrais brutal ou inhumain avec eux, ils se seraient tous détachés de toi ».
La clémence du Prophète Muhammad (ﷺ) est donc un modèle de gouvernance qui transcende les époques et les cultures. En mettant l’accent sur la compassion, la justice et la consultation, elle offre un cadre éthique pour construire des sociétés plus justes et plus harmonieuses. Les dirigeants du monde entier auraient tout à gagner à s’inspirer de cet exemple.
