vendredi, septembre 20, 2024
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Waqf : un investissement ancestral aux enjeux multiples.

Par Ndakhté M. Gaye, membre de la Cellule Zawiya Tijanyya

(CEZAT-Tivaouane) – En plus d’être un acte d’adoration d’Allah (SWT), le Waqf est aussi un instrument aux enjeux multiples dicté par la transparence.

Défini en Islam comme « une aumône ou une donation par laquelle une personne immobilise un bien afin que les revenus de son exploitation soient dépensés dans des œuvres de charité », le Waqf trouve son fondement dans un Hadîth du Prophète (PSL).

Ce Hadîth est rapporté par Abû Hurayrah selon qui le Messager d’Allah a dit : « Lorsque l’être humain décède, son œuvre s’interrompt à l’exception de trois [choses] : une aumône continue (ou perpétuelle), une science dont les gens tirent profit, ou un enfant vertueux qui invoque Allah en sa faveur. » [Muslim]

Œuvre charitable durable, le Waqf est d’abord un acte d’adoration à Allah. Aujourd’hui, il a connu une évolution. En effet, en plus d’être un acte d’adoration, le Waqf se révèle comme un instrument très adapté pour la lutte contre la pauvreté et l’organisation de la solidarité nationale.

Ces enjeux socioéconomiques ont été présentés hier aux membres du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes) par Abdoulaye Mbow, expert en finance islamique, lors d’un atelier d’information et de sensibilisation organisé mercredi 07 août 2024 par la Haute autorité du Waqf (Haw).

Ainsi, il a parlé des soutiens des Waqfs dans l’éducation à travers notamment le financement des écoles, des bourses d’études et des institutions d’enseignement supérieur.

Dans la santé, il a souligné le financement des hôpitaux, des cliniques et d’autres établissements du secteur. Selon M. Mbow, ces soutiens des Waqfs permettent l’accès aux soins médicaux pour les populations qui en ont besoin, en particulier dans les régions où les services de santé publics sont limités.

Le complétant sur ce point, le directeur général de la Haw, Racine Bâ, est largement revenu sur le projet « Waqf Csu-Daara » qui a permis de financer l’enrôlement annuel de 100.000 « Ndongo Daara » (enfants talibés) au programme national de couverture sanitaire universelle (Csu) à partir de 2023, ainsi que 10.000 maîtres coraniques et leurs familles (un conjoint et deux enfants) et 700 « Ndéyou Daara » (marraines).

En termes de perspectives, il a annoncé la construction d’un immeuble locatif de 16 étages à Dakar-Plateau, pour prendre en charge les dépenses de fonctionnement des 64 daara modernes du projet d’appui à la modernisation des daara (Pamod), ainsi que d’autres daara du Sénégal.

Dans le domaine de la pauvreté, M. Mbow a mis l’accent sur l’aide aux personnes défavorisées, aux orphelins, aux veuves et aux personnes âgées, ainsi que la fourniture d’un filet de sécurité sociale au sein de la communauté.

En ce qui concerne l’habitat, il a évoqué la construction de logements abordables pour les membres de la Communauté, aidant ainsi à résoudre les problèmes de logement.

Ce n’est pas tout. M. Mbow a aussi cité d’autres domaines comme l’alimentation, l’eau, l’emploi et l’environnement auxquels les waqfs apporte un soutien. Une façon à lui de montrer que le waqf intervient dans tous les secteurs socioéconomiques où il crée de la valeur, favorise l’inclusion sociale et l’autonomisation.

Une pratique ancestrale qui se perpétue au Sénégal

Au Sénégal, la pratique du waqf date de longtemps. En effet, M. Mbow a fait remarquer l’existence de milliers de mosquées et de cimetières musulmans éparpillés un peu partout dans le territoire national qui constituent, en réalité, des waqf.

En remontant l’histoire, il a rappelé le précurseur du waqf au Sénégal, le saint-louisien Ahmad Gora Diop, qui avait constitué un waqf en 1907 sur la base d’un acte notarié.

La Dg de la Haw a fait dans le détail en précisant que ce mécène donnait en waqf une concession comprenant une mosquée et des bâtiments à usage d’habitation gratuit, pour les démunis qui ont le loisir d’y résider toute leur vie durant, sans bourse délier.

Il a aussi fait savoir que ce mécène avait également laissé une autre maison située à quelques encablures de la première et dont les rentes locatives servent à son entretien.

Mais il n’y avait pas qu’Ahmad Gora Diop qui pratiquait le waqf. M. Mbow a aussi cité les cas d’El Hadji Djily Mbaye et de Serigne Mourtalla Mbacké.

Promouvoir la transparence et l’efficacité dans la gestion et l’administration des waqfs

Mais, quelque soit la bonne volonté des donateurs, ces actions de bonté pieuse ne pourront être bénéfiques que lorsqu’elles ont conforme à la charia. 

A cet égard, Mamadou Fall, lui aussi spécialiste en finance islamique, a plaidé en faveur de la promotion de la transparence et de l’efficacité dans la gestion et l’administration des waqfs. La finalité étant de renforcer la confiance des donateurs, des bénéficiaires et de la communauté dans l’utilisation des fonds des waqfs à fin philanthropiques ou religieux.

Dans son intervention, il a présenté plusieurs outils pouvant être utilisés pour promouvoir justement la transparence et l’efficacité. Parmi lesquels figure en première ligne l’audit chariatique qui, en plus des comités de surveillance, « permet de fournir une assurance supplémentaire aux parties prenantes quant à l’intégrité de la gestion des waqf. »

M. Fall l’a défini comme « un processus d’examen et de vérification des activités financières et commerciales d’une organisation pour s’assurer qu’elles sont conformes aux principes de la loi islamique. »

Selon les statistiques de la Haw, 399 waqfs ont été dénombrés en 2018. Mais peu d’entre eux se sont formalisés en raison notamment du coût élevé de la formalisation.

Un grand défi pour la Haw dont l’une des missions est de superviser les waqfs privés.

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