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12 années de pontificat consacrées au dialogue interreligieux

Le pape François et l’islam

De son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, jésuite de formation, citoyen argentin, il est «venu de si loin», comme il l’a précisé.

Le souverain pontife François, paix à son âme, avait gagné la sympathie de nombreux croyants et humanistes, chrétiens bien sûr, mais aussi de musulmans. Une grande figure spirituelle nous quitte. Nous garderons de lui un souvenir impérissable.
Nous avions besoin d’une sage vision politique. Le fait que le pape se soit fait appeler François, en référence au saint mystique, moine d’Assise, qui a dialogué en 1219, en to
Al Kamil en Égypte et respecté l’islam, était un signe d’espérance.

Sept ans après ma rencontre avec Benoît XVI, le pape François m’a reçu en tant qu’intellectuel algérien, le 20 mars 2013, au Vatican, dans la salle d’audience. Un privilège apprécié par ceux qui œuvrent au dialogue interreligieux et le rapprochement entre les peuples. Le dialogue, m’a-t-il dit, est indispensable pour sauver le vivre-ensemble.
Le défunt pape était plein de promesses. Il a adopté un ton nouveau. Rencontrer le pape François en tant qu’intellectuel musulman a été une nouvelle occasion de présenter le vrai visage de la voie mohamedienne et transmettre un message d’espoir à la jeunesse, afin qu’elle s’engage pour le dialogue et la cohabitation. De son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, jésuite de formation, citoyen argentin, il « est venu de si loin», comme il l’a précisé. Cette origine lui a permis d’avoir du recul et sans doute le sens de l’ouverture.

Son élection, il y a plus de 12 ans, avait suscité, dans le monde musulman, des attentes face à la crise internationale, le besoin d’améliorer les rapports avec le Vatican et entre l’Occident et le monde musulman, si proches, imbriqués et entremêlés. Il n’a pas déçu. Le pape François m’avait affirmé qu’ « il était important de promouvoir l’amitié et le respect entre les différentes traditions religieuses pour instaurer la coexistence pacifique entre les peuples ». Il a souligné que pour mener à bien sa mission, il avait « besoin des prières et du soutien de tous ». Il a ensuite fait part « de l’estime réciproque et du travail commun à accomplir pour le bien de l’humanité ».

Ces paroles s’inscrivaient en droite ligne des recommandations du concile du Vatican II en 1965 et de celles émises par les différentes rencontres islamo-chrétiennes. Cependant, vu le contexte de crise dans lequel se trouvait le monde, toujours en cours, dites par le souverain pontife, elles avaient encore plus de poids. Le pape a accordé une attention particulière aux musulmans. Il avait une certaine connaissance de l’islam, notamment de sa mystique. Il aimait l’Algérie, terre de Saint- Augustin et de l’émir Abdelkader.

Pour la première fois dans l’histoire du Vatican, il a autorisé la cérémonie de béatification des 19 prêtres martyrs de l’Algérie, célébrée en décembre 2018 dans le sanctuaire de Santa Cruz, à Oran, la première du genre dans le monde arabo-musulman en reconnaissance des sacrifices consentis dans les dures épreuves communes. Il a élevé récemment au rang de cardinal l’archevêque d’Alger.
Avec le défunt, il s’agissait de faire face aux défis communs. L’attachement au sens spirituel de l’existence, le combat contre les injustices du système mondial dominant, déshumanisant et les dérives des extrémistes de tous bords, nous ont réunis. Le chef de l’Église catholique constatait que de plus en plus de gens souffrent. De ce fait, il se voulait le pape des pauvres et des opprimés. Pour cela également, il était un allié de ceux qui, comme nous, défendent le respect de la dignité humaine.

Le pape François mettait en garde contre les dangers de la xénophobie islamophobe et de l’intolérance, et laissait clairement entendre que les notions de « conquête », de prosélytisme et les médisances d’autrui sont à bannir du vocabulaire des croyants. À juste titre, le pape invitait à ne pas juger le commun des mortels, mais à dialoguer.

Durant son pontificat, il a visité plusieurs pays musulmans et était touché par la ferveur de l’accueil. Son engagement pour la paix et la justice dans le monde et la préservation des vies humaines innocentes, notamment à Ghaza, sont des signes forts que l’Histoire retiendra. Nos pensées fraternelles à nos sœurs et frères catholiques en cette épreuve.

Mustapha Cherif

Professeur des universités, lauréat du prix Unesco du dialogue des cultures.

source:L’Expression: Internationale – Le pape François et l’islam

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